29 mai 2019 : Article du journal Sud-Ouest "La Maison de Simone tourne à plein régime"



Le taux d’occupation des quatre hébergements gérés par l’association d’aide aux femmes victimes de violences conjugales est d’environ 90 %. Elle envisage d’en ouvrir d’autres

Pour des raisons évidentes de sécurité, l’adresse est gardée confidentielle et la porte d’entrée fermée à double tour de l’intérieur. Quelque part dans Pessac, La Maison de Simone héberge et met à l’abri des femmes victimes de violences conjugales qui ont eu le courage et la force de briser le silence pour sortir de l’emprise psychologique, physique ou sexuelle de leur conjoint. Très souvent accompagnées de leurs jeunes enfants, premières victimes collatérales, elles y reçoivent un accueil bienveillant et bénéficient chacune d’un petit espace privatif.
Elles partagent en outre une petite cuisine et une pièce de vie commune attenantes au bureau d’une éducatrice et d’une psychologue qui passent respectivement tous les jours et une fois par semaine sur place. Il faut également saluer l’investissement des 14 bénévoles sans lesquelles cette association fondée en 2008, et affiliée à la Fédération nationale solidarité femmes, n’accomplirait pas le même travail.

940 femmes en 10 ans

« Le taux de remplissage moyen est supérieur à 90 %. À chaque fois qu’une place se libère, on instruit cinq ou six dossiers », précise Corinne Aimé, l’ancienne présidente et actuelle vice-présidente de la Maison de Simone. Depuis le 1er juillet 2011, date d’ouverture des trois premiers hébergements (quatre au total), « 74 femmes et 103 enfants ont été accueillis », décompte Danièle Cazaubon, la présidente de cette association reconnue d’intérêt général en 2015. Sa dernière assemblée générale, elle, s’est tenue il y a quelques jours à Pessac.
L’occasion de revenir sur la visite de la secrétaire d’État chargée de l’égalité femmes-hommes, Marlène Schiappa, en février 2018, quelques mois avant le dixième anniversaire de création de la structure. Elle a reçu au total 940 femmes et assuré près de 1 500 entretiens lors des permanences d’accueil et d’écoute hebdomadaires (1) qu’elle anime à la Plateforme des services au public de Saige. Un chiffre « stable » selon Corinne Aimé, même si la parole des femmes a tendance à se libérer et que le nombre de féminicides ne faiblit malheureusement pas (une femme tuée tous les deux jours selon les statistiques).

« Situations précaires »

Le phénomène de société concerne « tous les milieux et tous les âges », rappelle Marie-Chistine Colombeau, la secrétaire de l’association, en constatant que les victimes viennent de toute l’agglomération, du département et parfois d’au-delà lorsque des mesures de protection ou d’éloignement géographiques sont indispensables.
La période durant laquelle elles sont hébergées et accompagnées, en contrepartie de certains engagements moraux et financiers, est généralement « salvatrice », assure Danièle Cazaubon. « Elles reprennent en confiance en elles et voient qu’elles sont capables de s’en sortir par elles-mêmes ».
Soutenue par plusieurs institutions et fondations, sans oublier les donateurs privés, l’association envisage d’augmenter sa capacité d’hébergement dans les prochains mois ainsi que le temps de travail de l’éducatrice pour répondre à des situations sociales complexes et « de plus en plus précaires », selon la vice-présidente de l’association.
(1) 1,place de l’Horloge. Tous les mardis de 14 à 17 heures et les vendredis de 14 à 16 heures. Avec ou sans rendez-vous au 05 56 15 25 60.